Image tirée du site Wikipédia le 21 novembre 2021
Chère C.
Je comprends ta colère.
Zemmour ne devrait pas exister. Il est l'incarnation de la pauvreté du débat politique actuel.
A force de mentir, de tricher, Macron et ses opposants, qu'ils soient traditionnels ou fascisants, permettent l'apparition de ce type d'hurluberlu.
Zemmour est dangereux, parce qu'il est l'expression d'une dérive inquiétante du climat politique ambiant en France. Il permet de comprendre comment un pays aussi cultivé que l'Allemagne a pu sombrer dans le nazisme. Il représente l'ENNEMI à abattre celui qui est l'aboutissement de la décomposition du capitalisme, de son recours ultime.
L'issue funeste du fascisme n'est pas inéluctable. Des forces existent, en particulier dans la jeunesse, pour trouver une autre voie. C'est ce qui apparaît dans de nombreux pays : printemps arabe, manifestations aux USA, au Brésil, en Chine, dans les pays avec une dictature militaire ou religieuse (Myanmar, Soudan, Yémen, Brésil, etc...).
Le combat contre la barbarie fasciste, contre tous ceux qui fraient la voie à ce fascisme, est d'actualité, et doit être mené énergiquement et sans concessions.
Car même l'étape soft de cette décomposition du capitalisme que serait une sorte de front populaire abâtardi, semble dépassée. Un gouvernement chargé de trahir les revendications sociales et syndicales, manœuvrant par des atermoiements afin de calmer la fronde populaire. C'est le vieux débat entre Réforme et Révolution.
Comme en 1929, les bénéfices des entreprises, la bourse, sont au plus haut, alors que s'étendent les guerres et la misère. Qu'en France, les hôpitaux sont en déshérence, et qu'une catastrophe sanitaire apparaît avec le redémarrage du virus, que se détériorent les revenus de la majorité de la population, que le niveau d'instruction baisse, que se détériore la sécurité publique.
L'éclatement de la bulle financière est imminent, comme en 1929. Ses conséquences vont être dramatiques. Des forces fascisantes veulent profiter de cette situation pour prendre le pouvoir et instaurer, comme le prophétisait Jack London le talon de fer, ou Big Brother de Georges Orwell, ou encore le meilleur des mondes d'Aldous Huxley.
Le monde idéal du capitalisme serait un monde où toutes les revendications populaires seraient muselées, les syndicats interdits, les "asociaux" soit exterminés, soit rejetés dans un no man's land ou des réserves à l'indienne.
Le rêve capitaliste ce sont des individus conditionnés depuis la naissance, pour accepter sans rechigner de vivre dans la misère et la précarité, sans avoir la possibilité de recourir à des structures syndicales pour se défendre, où les obscurantistes para-religieux feraient le ménage comme chez les mollahs ou chez les Trump et Bolsonaro, chez les dictateurs se réclamant du communisme comme en Chine.
Ce combat se mène déjà, de manière désordonnée et spontanée. Il manque cependant une structure internationale pour mener ce combat, et lui permettre de vaincre le fascisme dévastateur qui menace. C'était le rôle des internationales ouvrières qui se sont succédé, au fur et à mesure de leurs décompositions.
Ce sera tout pour aujourd'hui, chère Catherine.
Je comprends ta rage et ta colère devant ce que représente Zemmour.
Je t'embrasse affectueusement.
Raoul
Cher C.
Fallait-il débattre avec Hitler et les nazis ?
La leçon de l'histoire, c'est que l'on ne peut argumenter avec des fous furieux fascistes. Il ne peut y avoir d'échange rationnel.
Lagarde se fourvoie avec des paroles "viriles", alors qu'il sera parmi les premiers à se coucher si la menace fasciste se précise.
La montée du nazisme en Allemagne est pleine d'enseignements : la peste brune, qui a décimé ma famille, ne peut se combattre qu'avec la mobilisation de la population contre ce péril, quand il est encore temps.
Le tremplin de Hitler, cela été :
- La désunion des forces de gauche
- La rigueur imposée par le traité de Versailles
- Le laisser-faire quand Hitler a réarmé l'Allemagne. Par ceux que l'on a appelés les munichois, des pacifistes ne voulant plus rejouer la der des der
- La complaisance de nombreux partis à l'égard du nazisme, dans le monde entier
- La désignation de l'Union Soviétique, comme seule menace véritable, contre laquelle le nazisme pouvait jouer un rôle positif
Les nazillons d'aujourd'hui, peuvent devenir les nazis de demain, j'en conviens.
La menace soviétique n'existant plus, d'autres menaces sont agitées : les islamistes, les jeunes des banlieues non civilisés, les grands laboratoires faisant du profit sur le dos de la population, les élites corrompues, à nouveau les étrangers en général, les trafiquants de drogue (ce n'est pas nouveau non plus).
Qui a véritablement combattu Hitler :
- Les syndicats
- Les partis de gauche
- Une partie des Églises
- Les minorités opprimées : les juifs, les tziganes, les francs-maçons, les étrangers
- A retardement, les dirigeants anglo-saxons
- Quelques marginaux comme De Gaulle
Le capitalisme est aujourd'hui dans une impasse, car il est non régulé et courre à la catastrophe. C'est ce dont veulent profiter les fascistes, dont tu fais partie, pour débarrasser la société des "nuisibles", dont je fais sans doute partie.
Tu n'es pas du tout attaché à la notion de progrès, quel qu'il soit : social, culturel, scientifique, sociétal (droits des femmes), ouverture au monde (droit des étrangers). Vers un monde en développement où cohabitent harmonieusement des populations dont le niveau de vie augmente, avec une diversité culturelle enrichissante.
Tu ne vois la vie en société que selon des normes qui te sont propres : contre les incivilités (c'est ton maître mot), contre les autres mœurs que les tiennes, contre les autres coutumes que les tiennes, en bref un monde unifié et uniforme.
Ne voyant que midi à ta porte, tu te mets des œillères pour ne pas voir les vraies menaces, comme le péril sanitaire, le péril financier, et, bien sûr, la peste brune.
Je cherche à garder le contact avec toi, sans doute à tort, car la raison, qui est mon arme de discussion essentielle, ne semble pas te convaincre, aveuglé que tu es par tes préjugés.
J'ai choisi d'adopter une démarche rationnelle dans nos échanges, en privilégiant les faits et leur interprétation rationnelle, sans préalable obligé. Ce qui permet de changer d'avis, si les événements ne correspondent pas à mes jugements.
Cela ne m'a pas trop mal réussi, puisque la crise sanitaire s'emballe, que la bulle financière est au bord de l'explosion, que la crise humanitaire des migrants fuyant les guerres et la misère s'aggrave. Faits que tu nies encore aujourd'hui.
Où sont les islamistes radicaux dont tu me rebats les oreilles. Quelques hurluberlus en France, des fanatiques en Afghanistan, en Irak, en Syrie, et ailleurs, créés par les américains et leurs errements suprémacistes.
Je ne sais si tu es un adepte de la soi-disant pureté de la race, ceux qui veulent préserver la leur, obsédés par un grand remplacement par des races considérées comme inférieures, ou dont la culture ne peut se mélanger. Certes, ceux qui menacent la laïcité républicaine, doivent être combattus, mais cela ne me paraît pas un problème prioritaire.
Où sont les policiers massacrés par des fous qui envahissent notre société. Il y a 10 fois plus de femmes tuées par leur conjoint que de policiers tués dans l'exercice de leur mission périlleuse.
Une explosion sociale menace, la colère gronde. Tu voudrais que cela débouche sur une société fascisante. C'est, au contraire, ma hantise.
Mon modèle, c'est la société grecque du siècle de Périclès. Celui de la discussion démocratique et ouverte, qui a permis une avancée prodigieuse de notre civilisation.
Ton modèle est celui du temps des cathédrales, avec une plongée dans l'obscurantisme papal, un retour en arrière de la culture, le temps de l'inquisition et des croisades barbares.
Le choix me paraît pourtant facile.
Amicalement.
Raoul
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