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François Hirsch



Contribution de Raoul Salzberg en l’honneur de François Hirsch


J’ai connu François Hirsch par l’intermédiaire de ma femme, Chantal René-Worms, dont la grand-mère était sœur de sa grand-mère.


Nous avons partagé un voyage mémorable à Saint-Pétersbourg, il y a quelques années. François, qui connaissait bien cette ville somptueuse, et qui parlait bien le russe, nous a servi de guide pour nous en faire découvrir tous les trésors, en particulier la perspective Nevsky, avec toutes ses boutiques et ses restaurants. Il avait quelques difficultés à marcher, et j’ai dû une fois le porter dans mes bras, comme un enfant.


C’était un fin lettré et un bon connaisseur du monde politique. Il a été banni pendant une période des États-Unis, pour avoir été compagnon de route des communistes. Ayant arrêté ce compagnonnage encombrant, sans renier ses convictions, il a pu ensuite visiter régulièrement les USA, où il a travaillé comme interprète auprès de l’ONU.


Nous sommes aussi aller le visiter dans sa maison dans l’Aude. Il y vivait dans la nostalgie de sa compagne, décédée quelques années auparavant.


Comme je partageais une partie de ses convictions, je l’ai mis dans la liste de diffusion de mes mails, pour échanger nos idées.


C’est avec une grande peine que j’ai appris sa disparition, à l’âge de 95 ans, car j’ai été content de connaître une personnalité originale et attachante, avec qui on puisse discuter d’autre chose que des banalités. Et ce n’est pas courant, le milieu que je fréquente étant plutôt conformiste, loin de mon passé de militant syndicaliste et trotskyste. Et nous partageons aussi nos origines juives d’Europe de l’Est, sachant que je suis né en France en 1942, de parents juifs autrichiens réfugiés, et ai survécu aux persécutions antisémites, ayant été interné dans le camp de Rivesaltes, étant donc un rescapé de l’Holocauste.


Salut à toi François.


Mille pensées émues à ta famille, que je ne connais pas.






Mon cher François,


Comme tu le sais, je suis née en1933 et tu m’as connue toute petite avant la guerre.


Pourquoi ai-je retrouvé Nicole, ta sœur, qui me paraissait tellement autoritaire et ne t’ai-je trouvé que beaucoup plus tard ?


Pourquoi m’avait-on caché ce cousin totalement atypique, comme je le suis devenue moi-même,

seulement après mes 20 ans ?


La guerre ne m’avait pas appris grand-chose, et pourtant !


Pourchassés comme juifs, mais sauvés avec un peu de honte, pourquoi ai-je mis tant de temps à comprendre ce qui se passait ?


Toi, tu avais tout compris, compte tenu du drame de ta famille.


Tu t’es construit tout seul, laissant de côté ceux qui pensaient que la guerre n’avait été qu’une

parenthèse.


Pourquoi ai je-cherché à te connaître et tout de suite ai été subjuguée par ton charme, ton intelligence et ta vision du monde ?


Très souvent, j’ai voulu entrer dans ton intimité, tu avais fini par me donner le numéro de Catherine, ta fille, mais il était faux.


Tu savais que ma mère, Coco comme elle se faisait appeler, était décédée il y a 15 ans, comme mon mari que tu n’as pas connu.


Avec Raoul avec qui je vis depuis 13 ans, vous vous êtes tout de suite entendus évidemment,

puisque tu avais compris qu’il est encore plus atypique que toi.


Tu ne m’appelais jamais, mais je gardais le contact et tu m’en étais reconnaissant.


Je t’ai appelé il y a une dizaine de jours et tu m’avais fait part de tes difficulté respiratoires.

Mais ceux que l’on aime ne doivent pas mourir, alors mon François, tu ne meures pas car tu vas retrouver, je ne sais où, des gens très bien que je vais te présenter, lorsque nous nous rejoindrons.


Tu vas beaucoup nous manquer, mais, que tu le veuilles ou non, je vais connaître tes enfants.


Avec tout mon amour,

Chantal


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