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L’innovation et le capitalisme




Le principe de base du capitalisme est que tout doit être fait pour que se développe la croissance de l’économie. Pour cela, il faut permettre aux entreprises privées de se développer en dégageant des bénéfices et en améliorant leur compétitivité, ce qui leur permet d’être plus concurrentielles et de conquérir des parts de marché.


Dans cette philosophie, les entreprises privées sont considérées comme le moteur de l’économie, seules à même de réussir l’objectif de la croissance. L’administration publique doit se limiter à garantir les actions régaliennes de l’État : santé, éducation, sécurité, gestion des affaires civiles, garantie de la liberté de pensée (en particulier religieuse). Et l’État doit se mettre au service des entreprises privées par une législation qui leur est favorable :


  • Réduire au maximum les charges financières publiques (impôts et taxes), en particulier pour la couverture santé et retraites des salariés

  • Favoriser le dialogue social avec des syndicats aux ordres

  • Libérer les contraintes sur le temps de travail : annualisation, fonctionnement flexible selon la charge de travail

  • Faciliter les licenciements jugés nécessaires


Le maître mot pour aider les entreprises privées est de réduire tous leurs coûts : directs (essentiellement les salaires) ou induits (impôts divers). La compression des salaires et la diminution des moyens pour les services publics, qui font partie de cet objectif, justifie l’analyse marxiste de la lutte de classe.


Les éléments nécessaires pour que les entreprises privées soient concurrentielles concernent les avantages dans les domaines suivants :


  • Le prix des produits commercialisés

  • La qualité de ces produits

  • La qualité des services fournis aux clients : délais de livraison, facilités de paiement, service après-vente (avec la recherche de la satisfaction des besoins des clients)


Pour valoriser ces avantages, il faut les faire connaître, et donc avoir un bon service commercial ciblant la clientèle, alimenté par un bon service marketing (chargé d’élaborer l’argumentaire pour les commerciaux).


Les bénéfices des entreprises privées servent à rémunérer le capital, les taxes et charges dues à l’État, l’intéressement des salariés, et surtout à financer l’investissement et l’innovation.


L’investissement concerne essentiellement le financement des infrastructures, le renouvellement du matériel et l’embauche de personnel supplémentaire.


L’innovation


Rien n’est acquis, et il faut pouvoir être réactif et efficace au fil du temps.


Pour cela, l’innovation est le moyen essentiel permettant aux entreprises privées de se développer en prenant un avantage concurrentiel qui peut être décisif.


Or, c’est là où le bât blesse. Car le choix d’avoir un secteur innovation dans une entreprise, qu’elle soit publique ou privée, a un coût prohibitif ; et surtout, le délai de mise en œuvre est aléatoire.


Car l’innovation ne se décrète pas, ni ne peut être véritablement planifiée. Il faut s’en donner les moyens, sans garantie de résultat.


Pour les entreprises privées, qui travaillent dans le court et moyen terme, le risque est très lourd pour leur trésorerie. Seules de grandes entreprises, dans l’aéronautique ou l’automobile par exemple, peuvent se le permettre.


La méthode la moins risquée et la moins onéreuse, est de s’approprier une découverte faite ailleurs, par négociation d’un contrat de partenariat, afin d’industrialiser et commercialiser cette découverte. C’est ce qu’a fait l’entreprise américaine Pfizer (inventeur du viagra) avec l’entreprise allemande BioNtech, basée à Mayence, pour mettre sur le marché son vaccin anti-covid-19 à ARN messager (principe découvert en 1961 par l’Institut Pasteur, qui valut leur prix Nobel aux scientifiques Jacques Monod et François Jacob).


Il est intéressant pour comprendre l’innovation de s’inspirer des expériences du passé.


Un exemple pour illustrer cela est celui de Marie Curie, expérimentatrice hors pair, travailleuse acharnée, imaginative de talent. Car la qualité principale qui se dégage de l’activité créatrice de Marie Curie, c’est son travail persévérant, difficile, chaotique et en définitive efficace, pour identifier la radioactivité naturelle émise par une substance appelée ensuite radium. Là réside principalement son génie.


« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez » disait Nicolas Boileau.


Tout est là : travail de longue haleine et capacité de dégager une raison aux indices détectés. Ce travail ingrat est complémentaire d’une part de chance : être là au bon moment et avec la bonne inspiration.


Être génial, travailleur et avoir de la chance, voilà le triptyque gagnant.


Le capitalisme et l’innovation


Un des principaux arguments pour justifier la compression des coûts des entreprises privées est donc la nécessité d’être compétitif, corollaire d’un autre argument qui est de bien rémunérer le capital, afin d’attirer des investisseurs intéressés par un bon retour sur investissement (ROI ou Return On Investment). Car les investisseurs apportent de l’argent frais, qui peut être utilisé avec avantage, dans une activité cruciale pour l’entreprise, dans une compétition impitoyable : l’innovation.


Il faut donc favoriser le capital, au détriment du travail.


Cet argument, considéré comme décisif, fait entrer le capitalisme dans une nouvelle phase : on passe du capitalisme industriel au capitalisme financier. Ce n’est plus le capitalisme d’antan, axé sur la production. Le paradigme est transformé, et conduit aux dérives d’aujourd’hui : fuite en avant vers la maximisation à outrance des profits, scandales financiers, gestion à court terme et donc à courte vue.


L’innovation ne saurait être un argument pour des forces au service des privilégiés.

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