En dehors des pourparlers en cours entre les belligérants pour arrêter les combats en Ukraine, certains pays proposent d’organiser une conférence internationale pour la paix en Ukraine.
Cela ressemble aux accords de Munich en 1938. Pour mémoire, Hitler venait d’envahir les sudètes, soi-disant pour libérer la minorité germanophone de cette région. Il a accepté ensuite qu’une Conférence pour la paix se tienne à Munich avec les principaux pays occidentaux dont Chamberlain (Grande Bretagne) et Daladier (France). Ces accords n’étaient que des prétextes pour gagner du temps, puisque, un an plus tard, le 1er septembre 1939, l’Allemagne de Hitler envahissait la Pologne, en même temps que l’Union Soviétique de Staline, ce qui déclencha une guerre mondiale.
Comme l’avait justement dit Churchill, au retour de Chamberlain de Munich : « Vous vous êtes couverts de honte pour garantir la paix, et vous aurez la guerre, en même temps que la honte ».
Qu’en serait-il aujourd’hui, de manière analogue, d’une Conférence Internationale pour la paix en Ukraine, avec le dictateur Poutine remplaçant le dictateur Hitler ?
Les positions en présence
La communauté internationale représentée majoritairement au sein de l’ONU, par l’Union Européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Common-Wealth, propose d’arrêter l’agression russe sur l’Ukraine, sans préalables.
Poutine exige 3 propositions: l’annexion de la Crimée par la Russie, l’autonomie de 2 républiques dans le Donbass (Donetsk et Lougantsk) et la neutralité de l’Ukraine (une sorte de finlandisation).
Les rapports de force
Après avoir essuyé des défaites lors des premiers jours du conflit, l’armée russe se déchaîne avec de grands moyens, menaçant d’en arriver à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques.
Face à cela, les occidentaux prennent des sanctions économiques contre le Russie et livrent des armements à l’Ukraine.
Cette confrontation est désastreuse, aucun des 2 camps ne prenant vraiment l’avantage. L’Ukraine en paie le prix fort avec des destructions de plus en plus massives, et une fuite éperdue de la population civile vers les pays frontaliers (Pologne, Roumanie).
Le président français s’agite comme la mouche du coche, en jouant les intermédiaires entre les protagonistes : Poutine, Zelensky, Biden. Sa position a évolué, au fur et à mesure de l’évolution du conflit : d’une position arrogante exigeant l’arrêt des combats sans préalables, il propose maintenant une attitude plus neutre, vantant les mérites d’une Russie millénaire qui accepterait un compromis raisonnable. Il a même rabroué son ministre des finances, Bruno Lemaire, qui voulait humilier la Russie, lui proposant de venir à Canossa immédiatement, sous peine d’être détruite économiquement.
Où allons-nous aujourd’hui ?
D’ici moins d’un mois, l’Ukraine sera complètement détruite si aucun accord de paix n’est trouvé d’ici là. Il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. Seul restera ce désastre.
Il est donc urgent d’arrêter cette folie, sans chercher à diaboliser Poutine, qui n’en a cure, ni à multiplier les sanctions économiques contre la Russie, qui en a vu d’autres, avec les privations de la période soviétique.
La seule solution urgente est donc de négocier valablement avec le dictateur Poutine, c’est-à-dire, d’accepter ses 3 conditions. Donc d’être Munichois ! Sans aller jusqu’à l’installation d’un gouvernement fantoche à Kiev, à la solde de Poutine.
Depuis les accords de Minsk en 2014, rien n’a été fait par les occidentaux, à commencer par les américains, pour lever les menaces sécuritaires sur la Russie , avec le renforcement de l’OTAN dans les pays de l’ex-Union Soviétique (pays baltes) et dans des pays de l’Est Européen (Pologne, Roumanie). Alors que la Pacte de Varsovie, qui justifiait l’OTAN, avait été dissout en 1991, avec la chute de l’Union Soviétique.
Et le pays le plus fauteur de guerres depuis 1945 est les USA : guerres du golfe (chute de Saddam Hussein), guerre en Lybie (chute de Kadhafi), Afghanistan, et même en remontant dans le passé avec le Chili (chute d’Allende) ou le Vietnam, ou encore le Zaire (chute de Lumumba). Sans citer les guerres suscitées par des alliés des USA comme en Somalie ou au Yemen.
Il est temps de changer de paradigme, et de ne pas se concentrer sur des ennemis que seraient la Russie ou la Chine, qui sont certes des dictatures, mais qui sont bien moins dangereuses pour l’Humanité que les USA.
Après les accords de Minsk en 2014, je partage le point de vue de Luc Ferry, qui proposait de faire des avances à la Russie de Poutine, avec l’objectif de rattacher cette Russie à l’Union Européenne, à condition qu’y soit instaurée la démocratie. C’était peut-être illusoire, bien que Luc Ferry prétend que Poutine, qu’il connaissait personnellement, n’y était pas hostile, mais cette démarche aurait certainement évité la guerre actuelle en Ukraine.
Si le souverainisme russe est condamnable, comme tous les souverainismes aujourd’hui, parce qu’il conduit à la guerre, il était possible de dissuader Poutine de s’engager dans cette issue funeste.
L’arrêt immédiat des combats en Ukraine est une priorité. C’est possible à condition de négocier avec le dictateur Poutine, sur des bases, qui, au fond, sont raisonnables.
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