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La parole divine ou la pensée unique


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La parole divine, appelée aussi la voix de son maître ou encore la pensée unique, est relayée par les apôtres, combattue par les critiques et ignorée par les sans avis


  1. Les apôtres

    1. Ceux qui répètent sur tous les tons

    2. Ceux qui interprètent sans aucune critique

    3. ceux qui interprètent apportant quelques nuances

  2. Les sans avis

    1. Les indécis

    2. Ceux qui s’en foutent ou ont d’autres préoccupations

    3. Ceux qui ne comprennent pas

    4. Ceux qui ne veulent pas comprendre

  3. Les critiques

    1. Les blasphémateurs

    2. Ceux qui élaborent une contre doctrine

    3. Ceux qui disent que c’est hors sujet

    4. Les traîtres


  1. Les apôtres


Ce sont ceux qui reproduisent textuellement la parole divine, ou aussi ceux qui cherchent à préciser ou interpréter cette parole, avec ou sans nuance.


a) Ceux qui répètent sur tous les tons


Ce sont les fidèles, ou parfois les courtisans ou aussi les opportunistes. Il est difficile de les distinguer, car leur vocabulaire est le même.


Voulant propager et parfois imposer la parole divine, ils la répètent sur tous les tons, sans aucune altération. Ce sont des rigoristes, qui ne supportent pas la moindre critique, interprétée comme une atteinte intolérable à la perfection de cette parole divine. Ne se posant pas de problème, ils sont enfermés dans leurs certitudes, n’acceptant aucune discussion quelle qu’elle soit.


C’est la garde prétorienne, celle qui protège, qui défend, au besoin, celle qui attaque les incroyants et les infidèles, les traitant de renégats. Celle qui affiche son soutien sans faille, qui s’en glorifie, qui ne comprend pas qu’il puisse en être autrement.


Pour bien manifester son attachement, cette garde prétorienne répète sur tous les tons la parole divine, ne faisant que reprendre les mêmes mots, parfois dans un ordre différent, mais sans aucune altération, qui serait considérée comme blasphématoire.


Sûrs d’eux, ces fidèles plastronnent leur conviction, écrasant de leur morgue les contestataires, considérés comme des ignorants, des insatisfaits, des jaloux et des envieux, qu’il faut absolument ramener à la raison, au besoin par la force. Ils veulent absolument une reconnaissance absolue et sans limite de la parole divine. Ils s’indignent qu’il puisse exister des individus inconscients, voire méprisables, qui osent se dresser contre le message divin.


Ils se regroupent et s’assemblent pour crier leur attachement commun à leur credo sans nuance, à leur dogme. Aucune critique ne les atteint, car ils sont sûrs de leur bon droit.


Ils traitent d’hérétiques, ceux qui cherchent à modifier, compléter ou, horreur, à critiquer. Ils sont prêts à massacrer les opposants, ou aussi à se sacrifier pour la bonne cause.


Faciles à identifier, leur manque de nuance évite de se fatiguer pour essayer de les comprendre. N’ayant aucune conviction sinon celle de s’aligner complètement à la parole divine, ils sont inflexibles et impossibles à convaincre, n’admettant pas qu’il puisse en être autrement.


Ce sont les troupes de choc des pires exactions, la base des barbares semant la terreur et la désolation.



b) Ceux qui interprètent sans aucune critique


Ces fidèles veulent aider à faire comprendre le message divin. Pour cela, ils veulent interpréter ou compléter ce message, pour en faciliter la compréhension.


Ils ne veulent surtout pas altérer la parole divine, simplement permettre qu’elle soit bien comprise, de manière à en assurer la conviction.


Pleins de bonne volonté, ils veulent ouvrir une discussion pour convaincre. Aimables et ouverts au dialogue, ils sont capables d’argumenter et d’échanger, mais sans altérer en quoique ce soit leurs convictions, qui sont des certitudes.


S’ils n’arrivent pas à convaincre, ils considèrent que leurs interlocuteurs sont soit de mauvaise foi, soit avec une compréhension limitée, montrant de faibles facultés intellectuelles.


Ils ne se remettent pas en cause, certains qu’ils son d‘être dans leur bon droit. Ils répètent des arguments, qui leur paraissent des évidences. Ils ne comprennent donc pas qu’ils soient discutables.


Le prototype de cette démarche est l’argument imparable des défenseurs du capitalisme : «C’est le marché, crétin !». En levant les yeux au ciel, d’un air navré que l’on puisse encore contester cela. Incapables de comprendre qu’il existe encore des demeurés pour ne pas accepter cette évidence ou des fanatiques d’un autre âge révolu, comme celui du communisme, des archaïques indécrottables, des refoulés mal dégrossis ; qu’il va falloir sempiternellement ramener à la raison, par la force s’il le faut.


Convaincus d’être dans leur bon droit, ces fidèles trouvent fatigant de devoir rabâcher toujours les mêmes arguments. Et se demandent comment arriver à convaincre des interlocuteurs rebelles, de mauvaise foi évidente. Cela reste un challenge, le recours à la force étant une mauvaise solution, à utiliser en dernier ressort.








c) Ceux qui interprètent apportant quelques nuances


Ce sont ceux qui considèrent que la parole divine doit être écoutée mais qui ont remarqué quelques incohérences ou même quelques inexactitudes dans ce discours officiel.


Soucieux de vérité et d’honnêteté, ils essaient de corriger ces petites erreurs, afin de rendre ce discours impeccable. Ils prennent le risque de s’attirer les foudres de ceux qui ne supportent aucune critique, des fanatiques intégristes, et de se voir frappés d’un oukase divin.


Bien sûr, ils s’empressent souvent de baisser la tête et de rentrer dans le rang, se battant la coulpe d’avoir oser commettre ce péché immonde. Ils réintègrent ainsi la communauté des bien-pensants, avec quelque honte, vite bue.


Malgré cela, il existe quelques irréductibles, qui persévèrent dans ce que la communauté considère comme une erreur grave. Ces disgracieux ont le courage de répliquer, en essayant d’argumenter. Mal leur en prend souvent car ils subissent alors un déchaînement de critiques acerbes et résonnantes, surtout venant de ceux qui n’y comprennent rien et qui n’ont pas de jugement sérieux, du fait d’une faculté de compréhension limitée. Ils sont victimes de leur audace, sont ostracisés, d’autant plus qu’ils se considèrent de bonne foi. Les hurleurs de service n’ont pas de mot assez fort pour les annihiler, les détruire. Il leur est parfois demandé, pour les ramener à la raison, de reconnaître leurs torts, et même de se flageller ; avec souvent quelques arguments frappants. Qui ne se souvient de ces anciens bolchéviks (Zinoviev, Kamenev, etc..) qui, lors des procès de Moscou à la fin des années 1930, ont demandé grâce en s’accusant d’être des pourceaux gluants ou des vipères lubriques ; cela ne les a pas empêchés d’être fusillés.


  1. Les sans avis


Ils constituent une cohorte nombreuse, car ils font partie de ce qu’on appelle le marais. De part leur nombre, ils constituent une cible pour quiconque cherche à faire un appel au peuple. Ils sont d’humeur changeante, ce qui complique la tâche de ceux qui veulent les rallier. Il vaut mieux éviter de les heurter par des propos trop iconoclastes, qui viennent les sortir de leur douce quiétude, de leur envie de s’éviter des ennuis, de leur besoin de na pas trop apparaître et d’être alors victimes d’une quelconque agression. Ils s’offusquent quand on veut leur prêter des dispositions condamnées par le pouvoir en place et, pour cela, se gardent bien d’exprimer une opinion qui pourrait être mal interprétée.


Une expression les caractérise bien, pendant l’occupation allemande de la guerre de 1939-1945 : les planqués.


Ce sont ceux qui regardent ailleurs, ceux qui ont regardé passer sans réagir les victimes de la rafle du Vel d’Hiv. Ceux qui ne prennent pas position.


Ils ne comprennent pas pourquoi on les critique, considérant qu’ils ne font aucun mal, donc qu’ils ne sont pas susceptibles d’être ostracisés.


Même à posteriori, ils ne voient toujours pas ce qu’il y avait de fautif dans leur comportement. Aveuglés de préjugés, ils invoquent la loi pour se justifier et se défendre.


a) Les indécis


Ce sont ceux qui hésitent, qui cherchent à comprendre avant de se décider, pesant le pour et le contre. Ce comportement est tout à fait honorable. A condition de ne pas rester trop longtemps dans l’expectative.


A l’inverse des opportunistes qui cherchent où est le vent afin de s’y rallier, quitte à changer d’avis quand le vent tourne.


Comme disait Edgar Faure, le maître en matière d’opportunisme : « Ce n’est pas moi qui change, ce sont les circonstances ».




b) Ceux qui s’en foutent ou ont d’autres préoccupations


Ce sont ceux qui ne se sentent pas concernés, qui s’en lavent les mains, tel Ponce Pilate.

A qui cela ne fait ni chaud, ni froid.


De ce fait, ils ont la conscience tranquille, jugeant leur comportement tout à fait correct.


S’ils voient des événements graves, ils s’en désintéressent, considérant qu’ils n’en sont pas responsables. La notion de devoir d’intervention pour aller au secours de personnes en difficulté, leur est étrangère. Sans honte ni remord.


Intraitables pour tout ce qui les concerne, ils jugent qu’ils n’ont pas à se mêler de problèmes qui leur sont étrangers.


En revanche, ils jugent que leur façon de vivre, de penser, doit être, non seulement respectée, mais doit même être adoptée par tous. Sans respect pour ceux qui pensent et agissent différemment.


Leur devise : « A Rome, fais comme les romains ».


Ce qui les rend intolérants à l’égard de ceux qui leur sont différents. C’est ce sentiment qui est à la base du racisme et de l’antisémitisme.


Tout d’un coup, ils ne s’en désintéressent plus. Autant ils refusent de se mêler de faits ne les concernant pas directement, autant ils veulent imposer leur façon de voir et de faire.


Ils n’aideront pas leur prochain dans la difficulté, mais condamneront sans nuance ceux qui ne leur ressemblent pas : les étrangers, les migrants, les adhérents à une cause qui n’est pas la leur (quelle qu’elle soit), les différents (homosexuels, transgenres, difformes), ceux qui pensent mal (irréligieux), etc.








c) Ceux qui ne comprennent pas


Devant ce qui leur paraît incompréhensible, ce sont ceux qui se cachent derrière leur petit doigt, pour prendre le temps d’essayer de comprendre. Ils consultent ceux qui paraissent comprendre, et reçoivent des explications contradictoires, selon leur interlocuteur.


Complètement déboussolés, ils se réfugient dans une attitude d’attente interrogative, cherchant désespérément à se rassurer par des réflexions basiques. L’incantation irrationnelle leur permet seule de les stabiliser. Ils se réfugient donc dans la religion, le complotisme, voire l’appel à des gourous extravagants. Ils cherchent, dans la vie de tous les jours, des raisons de vivre, leur permettant d’oublier ou d’ignorer ce qui se passe.


Pour éviter la désespérance de l’ignorance, ils cherchent donc des subterfuges, trouvant ainsi des raisons d’exister : sport, sexe, argent, spectacles, animaux, voyages, etc.


Leur aveuglement, délibéré ou pas, leur permet de tenir le coup, jusqu’à l’absurde.


On raconte que des victimes juives d’Auschwitz, sont rentrées dans les chambres à gaz, et jusqu’au bout, n’ont pas compris ce qui leur arrivait.


d) Ceux qui ne veulent pas comprendre


Ceux-là comprennent très bien ce qui se passe, mais ont décidé de fermer les yeux, de continuer à vivre comme si de rien n’était.


Gérant leur angoisse du mieux qu’ils peuvent, ils s’efforcent de tenir le coup par des dérivatifs divers : écrire un livre relatant leur vie de tous les jours, voyager dans des contrées lointaines mal connues pour y trouver un peu d’air frais, rechercher la compagnie de nouvelles rencontres dépaysantes, se soigner auprès d’un psychiatre ou d’un psychanalyste, rechercher de nouveaux spectacles originaux (au théâtre ou sur internet), se venger sur des innocents de leur mal-être, plonger dans des expériences ésotériques, chercher le salut dans une fuite en avant dans des expériences nouvelles, invoquer la fatalité, etc..


Tout pour éviter un comportement suicidaire, qui serait le résultat d’une trop bonne compréhension de ce qui arrive.


  1. Les critiques


Il existe différents niveaux de critique, depuis la simple énonciation de quelques incohérences dans la parole divine, jusqu’à l’exécration blasphématoire. Tout dépend du niveau de réaction de l’environnement dans lequel on se trouve. Il existe des endroits où on risque sa vie, rien qu’en exprimant une simple explication critique, et d’autres où il est possible d’exprimer avec force son rejet de la parole divine.


a) Les blasphémateurs


Ce sont ceux qui, pour une raison diverse, rejettent le message divin, soit pour son contenu, soit pour le fait même qu’il existe. Et ils ont choisi de l’exprimer ouvertement, et de façon plus ou moins forte.


Un Savonarole se dressait contre le luxe tapageur de l’Église catholique, demandant un retour aux sources de l’Évangile, c’est-à-dire, une vie simple, de contrition et de privation pour les pasteurs et leurs fidèles. De manière excessive, ce qui fait qu’au bout de quelques années de pouvoir, il a été rejeté par la collectivité, traîné en justice, condamné et exécuté.


Luther et Calvin ont su, au contraire, se faire accepter de la collectivité, ce qui fait que leur message protestant contre les dérives de la papauté a été bien perçu et a pu se répandre, ce que l’on a appelé le protestantisme.


D’autres ont généré un schisme, comme la séparation de l’islam entre sunnites et chiites.


L’hérésie cathare a été réprimée dans le sang, comme le montre le massacre de la ville de Béziers où Saint Dominique a eu cette phrase célèbre : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens «.


Salman Rushdie, avec ses versets sataniques, est la cible en 1989 d’une fatwa, équivalente d’un ordre à tuer, de l’ayatollah Khomeini, en raison de sa description jugée irrévérencieuse du prophète de l'islam Mahomet. Il a subi une attaque au couteau en 2022, dont il a failli mourir, ayant perdu l’usage d’un œil et d’une main.


Baruch Spinoza, célèbre philosophe juif d’Amsterdam au XVIIème siècle, a fait l’objet d’un Herem (la forme la plus sévère d'exclusion de la communauté juive. C'est une mise au ban de la société juive) de la communauté juive d’Amsterdam, parce qu’il s’opposait à la bible, au nom d’un cartésianisme rationnel. Il a été maudit, lui et 10 générations après lui.


b) Ceux qui élaborent une contre doctrine


Ce sont ceux qui se réclament d’une doctrine, pour ensuite la modifier. Ils sont considérés comme hérétiques pour cela.


De nombreuses hérésies ont jalonné le catholicisme, depuis les arianistes, jusqu’aux protestants, en passant par les cathares, les jansénistes et les nombreuses sectes qui pullulent aux USA.


Chez les islamistes, l’hérésie la plus connue est l’hérésie chiite, s’opposant aux traditionalistes sunnites.


Ils réfutent la parole divine (ou la pensée unique) , la considérant comme incomplète, voire fausse. Ils sont pour cela pourchassés par les traditionalistes.


Ils élaborent souvent une école de pensée, qui a ses adeptes. Quand, leur organisation est petite, cela prend la forme d’une secte.


Ils s’affublent souvent de qualificatifs surprenants, parfois grandioses, pour bien marquer les esprits. Un exemple caricatural, sur le plan politique, est celui de Nicolas Ceausescu, dictateur communiste en Roumanie, qui se faisait appeler : « La pensée du Danube » ou encore « le Génie des Carpates ».




c) Ceux qui disent que c’est hors sujet


Pour ceux-là, la doctrine religieuse ou politique proposée ne répond pas aux problèmes de la société.


Ce sont souvent des contestataires, proposant une approche différente, souvent complètement opposée.


C’est le cas de la Libre Pensée, avec son slogan : « Ni Dieu, Ni Maître, A bas la Calotte et Vive la Sociale ».


Toutes les religions sont refusées par les organisations athées, qui refusent l’existence même d’un Dieu immanent.


Ces organisations sont matérialistes, considérant que tout procède d’une nature préexistante à l’homme. Pour elles, c’est la matière inerte, comme la roche, qui a créé la matière vivante, laquelle, par une évolution ayant pris des milliards d’années, s’est transformée progressivement et diversifiée pour aboutir à l’homo sapiens.


Mais le besoin de transcendance, inhérent à la nature humaine, fait que les croyances religieuses se sont installées, sans aucune justification matérielle. Ce besoin irrationnel sans possibilité de contestation, peut coexister avec le matérialisme, à condition de ne pas y chercher une quelconque validation. La religion ne se discute pas, elle s’accepte sans discussion.


C’est la mort issue fatale pour tout être vivant qui amène, en réaction à cela, à créer des doctrines prouvant qu’il existe un au-delà, répondant à l’angoisse naturelle que peut causer la notion même de mort.


Ceux qui risquent leur vie, du fait de leur métier comme les militaires, sont naturellement enclins à admettre la nécessité d’une religion.



d) Les traîtres


C’est une catégorie spéciale, car il s’agit de ceux qui ont accepté la parole divine, pour ensuite s’y opposer, à l’intérieur même de cette doctrine. Ils font le jeu des ennemis de cette parole, se mettant parfois à leur service.


Cela procède en général d’une vengeance ; motivée par un événement douloureux et inacceptable pour celui qui le subit.


Cela se constate surtout en politique.


L’exemple le plus célèbre de l’Histoire est celui de Brutus, le fils adoptif chéri de Jules César, qui a participé à son assassinat. D’où la phrase célèbre en latin de Jules César : « Tu quoque mi fili». Ce qui veut dire, « Toi aussi mon fils ».


Un autre exemple est celui de Judas livrant Jésus à ses adversaires du Sanhédrin inféodés à Ponce Pilate, après l’avoir embrassé (le baiser de Judas).


 
 
 

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