Mélenchon ostracisé parce que antisioniste
- Raoul Salzberg
- 15 juil.
- 4 min de lecture

Mélenchon antisémite ? Allons bon, vous confondez le rhum avec la Torah.
Je m’étais promis de ne plus réagir aux polémiques en plastique, celles qu’on emballe dans du papier sioniste pour faire croire qu’un gauchiste mal rasé aurait planqué un Mein Kampf sous sa jaquette du Capital. Mais il y a des jours où j'ai les boules au point même de voler au secours de Meluche.
L'occasion de préciser que je ne suis encarté nulle part, mais que j'ai plus d'amis LFI que d'amis RN sur Facebook.
Jean Luc Mélenchon n'est pas ma tasse de thé. Je le déteste sur un plateau télé à jouer le grand méchant à des journalistes qui l'attendent au virage. Virage qu'il négocie à mon goût plutôt mal. Je ne déteste pas écouter ses discours pour ses élans lyriques. J'ai trouvé ses alliés de gauche communistes et socialistes pas bon copains quand ce dernier se faisait étrillé sur les plateaux à coup de "antisémite". Enfin je ne lirai jamais la meute écrite par des fouines pour des chiennes.
Il paraît donc, selon la rumeur publique (c’est-à-dire l’alliance sacrée entre les éditorialistes poudrés de CNews et les trolls névrotiques du CRIF), que Jean-Luc Mélenchon serait antisémite. Oui, vous avez bien lu. Le type qui fait des incantations républicaines à la moindre miette de laïcité. L’homme qui cite Jaurès comme d'autres appellent leur mère.
Alors asseyez-vous, chers amis de la calomnie. Rangez vos petits coupons de vertu. Je vais vous expliquer pourquoi c’est une connerie monumentale. Un Everest de mauvaise foi. Une diarrhée morale en 280 caractères.
1. Un antisémite qui cite Mendès France entre deux verres d’eau plate
Mélenchon, antisémite ? Ce tribun de marché qui a toujours pris soin de distinguer sionisme d’État et judaïsme spirituel, qui gueule plus fort que le muezzin quand un cimetière juif est profané, et qui se bat contre toutes les formes de racisme, y compris celui qui ne porte pas de djellaba ? Allons donc.
Il a insulté qui, au juste ? Personne. Pas un mot sur "les Juifs". Pas un mot sur "la communauté" au sens antisémite du terme. Pas de théorie du complot, pas de Rothschild dans les parages. Il tape sur Netanyahou comme il taperait sur Macron, Zemmour, ou même sur un gérant de Franprix mal luné. Il tape large, Méluche. Il est comme ça.
2. Le CRIF : ces gens qui confondent Dieu, Israël et Darmanin
Oui, Mélenchon a critiqué le CRIF. Et alors ? Le CRIF, ce n’est pas le synode de Moïse, c’est un club politique bien aligné sur la droite la plus rance. On peut critiquer le MEDEF sans haïr les patrons, le Vatican sans bouffer du curé, et le CRIF sans devenir antisémite.
Mais voilà : dans l’ambiance moite de la France post Zemmour, toute critique d’un lobby pro-israélien est rangée sous le label "haine juive". Vous dites "occupation" et on vous traite de nazi. Vous dites "apartheid", et on vous accuse de vouloir rouvrir Drancy.
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3. Mais pourquoi Mélenchon, alors ?
Parce qu’il fait peur. Parce qu’il est vieux, rouge, véhément, cultivé, et qu’il ne dîne pas au Fouquet’s. Parce qu’il est capable d’aligner trois citations latines sans se faire caca dessus. Parce qu’il est pour la paix, pour les Palestiniens, pour la République sociale, et contre les génuflexions devant les bouchers de Gaza.
Parce que les socialos le détestent comme un traître. C'est humain et on peut les comprendre, il les a roulé dans la farine...
Il ont même leur cadre en mission commandé : Jérôme Guedj, le Dr House des amalgames, vient avec son scalpel : “Mélenchon a dit CRIF = lobby, CRIF = traître, donc Mélenchon = antijuif.” Bravo champion ! À ce rythme, on va bientôt t’accuser d’islamophobie si tu bois pas assez de thé à la menthe. Il creuse, il gratte, et il trouve de l’antisémitisme dans l’eau de pluie.
Et surtout : parce que ça arrange tout le monde de salir la gauche avec ce mot là. Antisémite. Ça salit bien, ça colle aux doigts, ça fait taire les arguments. Une fois que vous avez balancé cette boulette, vous n’avez plus besoin de débattre. C’est l’accusation bulldozer. La reductio ad hitlerum du pauvre.
4. Et pourtant, il est pas parfait le vieux
Oui, parfois Méluche déconne. Il parle trop, trop fort, trop vite. Il fait des analogies à deux balles. Il pense qu’on est encore en 1936. Mais il ne hait pas les Juifs. Il hait la guerre, l’impérialisme, les salamalecs religieux dans l’enceinte publique. Il hait les bombes sur Gaza et les rumeurs sur les "civilisations supérieures".
Alors vos procès en sorcellerie antisémite, allez les faire ailleurs. Sur Bardella. Sur Parmentier. Sur les fascistes en costard qui célèbrent Pétain et rêvent de repeindre la République en sépia.
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Conclusion : Moraline et confusion, les deux mamelles du lynchage médiatique
Mélenchon, c’est pas Moïse, mais c’est pas Hitler non plus. C’est un vieux républicain à la bouche sale et au cœur rouge. Il a ses torts, ses outrances, son ton de poivrot de l’Assemblée. Mais accuser ce type d’antisémitisme, c’est comme accuser Brassens de misogynie parce qu’il n’aimait pas les flics en jupons.
On peut ne pas l’aimer, Méluche. On peut se foutre de ses envolées lyriques. Mais si c’est ça un antisémite, alors l’Histoire est une farce et BHL est Prix Nobel de paix.
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